Peut-on opérer une ferme sans déchets plastiques?

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Peut-on opérer une ferme sans déchets plastiques?

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Cette analyse critique a été présenté à Caroline Halde dans le cadre du cours AGE-7002 : Pratiques agroécologiques et résilience des agroécosystèmes à l’Université Laval en 2023.

Peut-on opérer une ferme sans déchets plastiques?

Le plastique est partout dans nos vies, une majorité des objets qui nous entourent en sont constitués. En effet, cette matière offre de nombreux avantages puisqu’elle peut avoir différentes formes et textures, elle est adaptable. Son coût de production est aussi moindre ce qui en fait un allié d’exception à de nombreuses industries, l’agriculture n’en fait pas exception. L’utilisation de plastique permet entre autres d’augmenter les rendements de certaines cultures avec son utilisation sous forme de paillage (Dejean, C. et Palagos, B., 2008). Dans les régions nordiques, le plastique est utilisé pour les serres et tunnels afin de prolonger la saison ou encore, de cultiver des fruits et légumes qui demandent une température plus élevée.

Les inconvénients du plastique pour l’environnement

Les inconvénients des matières plastiques sont également de plus en plus connus tels que la pollution de l’air, de l’eau et des sols ce qui entraîne une perte de biodiversité et même des problèmes de santé humaine (Rémy, É., 2014). Plusieurs ont entendu parler d’une île de déchets de plastiques dans l’océan, certains chercheurs mentionnent également que d’ici 2050 il y aura autant de déchets de matières plastiques dans l’océan que de poissons. Pour l’instant, on y dénombre environ un déchet de plastique dans chaque mètre cube de l’océan (World economic forum, 2016).

Les réglementations entourant le plastique

Il va sans dire qu’il y a une urgence d’agir, certains citoyens décident de se joindre au Mouvement zéro déchet et les gouvernements commencent également à mettre en place des programmes et lois pour encadrer les déchets de matières plastiques. Au Canada, le Règlement interdisant les plastiques à usage unique a débuté en 2022 avec un plan graduel d’élimination de certains déchets tels que les sacs d’emplettes et les pailles (Gouvernement du Canada, 2023). Au Québec, le Règlement sur la récupération et la valorisation de produits par les entreprises débutera dès le 30 juin 2023, ce règlement obligera les producteurs de matières plastiques à gérer leurs produits sur l’ensemble de leur cycle de vie. Ils devront entre autres mettre sur pied un programme de gestion des déchets, soit de manière autonome ou en étant membres d’un organisme reconnu par Recyc-Québec (Québec, 2023). Pour les fermiers, cela signifie peut-être que certaines matières seront plus onéreuses ou encore, qu’ils devront acquérir de l’équipement spécialisé pour entreposer les matières plastiques jusqu’au moment où leurs fournisseurs pourront venir les récupérer. Mais, la question se pose, est-ce possible de gérer une ferme sans matières plastiques? Ou encore, quelles seraient les alternatives pour diminuer ces déchets plastiques à la ferme? Dans le cadre de cette analyse critique, je tenterai de présenter les différentes alternatives au plastique ainsi que leurs avantages et inconvénients pour l’adoption à la ferme.

Les statistiques d’utilisation du plastique à la ferme

D’abord, selon Agrirécup (2021), dans une étude remise à Environnement et Changement Climatique Canada, 24 % du tonnage annuel national de plastique serait issu de l’enrubannage des balles de foin, suivi de 11 % pour les silos à grains et 11 % pour les filets d’enrubannage. Dû à la grande présence de l’élevage sur le territoire canadien, principalement dans les prairies, on constate que la majorité des déchets plastiques seraient issus de cette pratique. Par contre, lorsque le plastique généré est calculé par tête de bétail, on constate que seulement 0,13 kg de plastique par tête est généré au Canada. En comparaison, pour les légumes hors serre il s’agit de 2,95 kg par acre, mais pour les légumes en serre il s’agit de 1 415,68 kg par acre, ce qui est environ 480 fois supérieur. Au Québec, ce sont les plateaux de propagation qui occupent la première place avec 26 % du tonnage annuel, suivi de l’enrubannage des balles avec 20 %. L’étude regroupe les onze matières plastiques les plus utilisées au Canada comprenant également des sacs en plastique, des ficelles, des contenants pour les fertilisants et les semences. 

Les défis du recyclage à la ferme

Lorsqu’on pense au plastique, on pense généralement au recyclage, en théorie, toutes les matières plastiques utilisées à la ferme seraient recyclables (Agrirécup, 2021). Par contre, très peu de matières réussissent à terminer le cycle du recyclage, il pourrait être aussi faible que 2 % des matières recueillies mondialement (World economic forum, 2016). Le recyclage des matières plastiques agricoles pose également un problème entre autres pour les matières ayant été en contact avec des pesticides, des herbicides ou des antibiotiques qui ne sont pas recyclés, mais sont plutôt collectés pour être éliminés adéquatement (Québec, 2023). D’autres défis sont au niveau des matières ayant été en contact avec le sol ou encore, les matières plastiques souples. Ainsi, le taux de souillure des bâches et paillis avec de la matière organique ne permet pas de recycler ces matières efficacement (Dejean, C. et Palagos, B., 2008). Certains types de plastiques (tel que le plastique numéro six) ont moins de débouchés, il en est de même pour les plastiques souples qui pour l’instant s’accumulent dans les centres de tri du Québec, car il n’y a pas d’acheteur pour ce type de plastique (3.7 planètes, 2019). Le recyclage implique aussi de la gestion, du transport, de l’entreposage et un processus de transformation qui peut être coûteux et qui est difficile à rentabiliser. Il serait donc pertinent dans le cycle de vie des déchets plastiques que ceux-ci soient réutilisés à plusieurs reprises avant d’être recyclés ou jetés. Ainsi, les plastiques d’ensilage pourraient être utilisés en toile d’occultation par des maraîchers ou en guise de paillis. Les barils, les contenants et les sacs pourraient à leur tour avoir plusieurs utilisations jusqu’à ce qu’ils doivent être reconditionnés (Agrirécup, 2021). Inspiré du Mouvement citoyen zéro déchet, les producteurs de ces produits plastiques pourraient demander une consigne pour leurs contenants ce qui permettrait de réutiliser les mêmes contenants à plusieurs reprises et de diminuer leur empreinte écologique. Il serait également possible de proposer le remplissage des contenants dans certains points de chute (Association québécoise zéro déchet., n.d.). Selon la taille des contenants et la quantité de matières, cette option pourrait s’avérer ardue.

Les plastiques naturels ou biodégradables

Une autre possibilité est le remplacement des matériaux en plastique par des plastiques biodégradables ou encore, des bioplastiques. Les plastiques biodégradables prennent énormément de temps à se décomposer et pour cette raison ne sont pas acceptés dans de nombreux sites de compostages. Certains fermiers l’ont adopté pour les paillis afin de réduire les manipulations et permettre de les laisser au sol une fois la saison terminée. Les plastiques biodégradables posent les mêmes problèmes que les autres plastiques puisqu’ils ne sont pas faits d’une matière renouvelable et que leur fabrication est polluante. Les paillis biodégradables ne sont pas, non plus, acceptés en régie biologique. L’utilisation de ce type de plastique peut même causer une plus grande pollution puisque la matière plastique se dégrade en petites particules qui polluent ensuite les sols et les cours d’eau (Poyade, G., 2012). Des chercheurs se sont alors penchés sur la création de plastique qui serait issue de matières renouvelables par exemple avec l’amidon contenu dans le maïs ou les pommes de terre. Ces bioplastiques apportent à leur tour une question éthique puisque ces aliments pourraient nourrir directement les populations plutôt que d’être utilisés pour créer du bioplastique. De plus, ces cultures sont souvent industrielles et intensives ce qui peut causer de la déforestation, l’accaparement des terres et de la pollution (Rémy, É., 2014). Il serait donc préférable de créer du plastique avec des matières renouvelables qui ne sont pas alimentaires tel que des déchets agricoles. Des chercheurs ont travaillé sur l’élaboration de biopolymères dans le but de créer des bioplastiques entre autres avec du lait impropre à la consommation et des pelures de bananes (Hasna, C. et Nadjah, G., 2020). Des coquilles de crustacés et de la bagasse de pomme de cajou ont également été transformées en pots de repiquage (Kouassi, E., 2018). Ainsi, il est possible de créer des matières innovantes pour remplacer le plastique et du même coup, réduire les déchets organiques et le gaspillage. Le chanvre est également un matériel convoité pour remplacer le plastique puisque sa fabrication produirait moins de gaz à effet de serre, serait plus écologique, moins coûteuse et consommerait moins d’énergie. Par contre, son utilisation apporte quelques défis puisque cette matière est poreuse et absorbante, ainsi, elle est souvent mélangée à des plastiques pétrochimiques afin de faire baisser les coûts environnementaux et de production (Boulerice, É., 2019). Il serait aussi possible de s’inspirer de ce qui se fait à l’échelle domestique entre autres pour la création de pots. Certains jardiniers amateurs utilisent des plateaux faits de bois ou encore, créent leurs propres pots avec des papiers journaux. Une autre méthode, qui serait applicable à la ferme, consiste à utiliser un emporte-pièce de métal afin de faire des cubes de terre légèrement humide qui conservent leurs formes. On peut ainsi remplacer les plateaux de propagation en réutilisant cet outil chaque saison, il s’utilise simplement avec un terreau (Thévard, M., 2021).

Des pratiques agricoles écologiques

Les pratiques agroécologiques sont une autre alternative pour réduire ou éliminer le plastique à la ferme. En effet, l’élevage au pâturage permet, dans certains climats, d’éliminer complètement les plastiques servant à l’alimentation du bétail. Au Canada, il est nécessaire de faire des balles de foin pour la saison hivernale, mais le pâturage en été, pourrait diminuer la pollution plastique de nombreux éleveurs. Les balles carrées utilisent également moins de matières plastiques (seulement une ficelle) que les balles rondes, qui elles, sont recouvertes de nombreuses couches de plastiques (Agrirécup, 2021). L’utilisation de paillis organiques au champ pourrait également limiter ou éliminer les besoins de boyaux de plastiques pour l’irrigation, les paillis de plastique et les contenants de plastiques pour les herbicides (Thévard, M., 2021). D’autres techniques telles que les semis directs sous couverts végétaux pourraient aider dans ce sens en gardant un sol couvert de matière organique en tout temps. Des cultures intercalaires pourraient également être utilisées pour la production de bioplastique et ainsi limiteraient les coûts et les manipulations des agriculteurs (Rémy, É., 2014). L’implantation de bandes fleuries annexées aux planches de cultures est une autre pratique qui permet de réduire ou d’éliminer complètement l’usage de pesticide et donc ce type de contenants issu de la pétrochimie (Tschumi, M. et al., 2016). La diversification des cultures permet, elle aussi, de diminuer l’attaque des ravageurs et de réduire l’usage de pesticide (Marković, D., 2013). L’achat de serres solaires passives ou de serres en verre, bien que beaucoup plus onéreux, serait une option de rechange pour les polythènes des serres. Une autre question se pose quant à l’utilisation de nombreux plastiques pour les cultures en serre : les changements d’habitudes de consommation des mangeurs avec l’achat de légumes de saison et adapté à notre climat pourraient permettre de diminuer l’utilisation de plastique. Sous notre climat, cette méthode amène certains enjeux en saison hivernale où les mangeurs devraient conserver des aliments sur une grande période. Il serait également possible de réduire l’impact environnemental des serres en utilisant l’énergie résiduelle de certaines industries pour la production de nourriture en serre ou hors serre, cette innovation n’empêche pas toujours l’utilisation de plastique (Corporation développement économique Senneterre, n.d.). D’autres changements d’habitudes des consommateurs pourraient permettre de diminuer la quantité de plastique en milieu agricole tel que la diminution de la consommation de viande qui est une industrie qui génère beaucoup de déchets plastiques. Les consommateurs pourraient également être plus indulgents sur l’aspect physique des aliments. Les agriculteurs pourraient ainsi limiter ou éliminer l’utilisation de filets anti-insectes ou des pesticides. Ces aliments imparfaits, mais tout aussi comestibles permettraient également de s’attaquer au gaspillage alimentaire. 

Sensibiliser au cycle de vie du plastique

Ainsi, il n’est plus seulement question de réduire la pollution plastique, mais également de faire une campagne de sensibilisation et d’éducation auprès des industries, des producteurs et même des consommateurs. Ces dialogues pourraient permettre d’augmenter la volonté des différents acteurs impliqués dans le cycle de vie des matières plastiques (Heckler, L., 2013). Le fait de ne plus avoir d’acceptabilité sociale face à l’utilisation du plastique pourrait permettre de nous défaire de notre dépendance à cette matière. Des programmes gouvernementaux sont également essentiels afin de favoriser la création de matières ou de méthodes culturales innovantes qui n’impliquent pas de matières plastiques. Ils permettront également de rendre plus accessibles les alternatives au plastique que ce soit en termes d’accès physique ou financier. Le Règlement sur la récupération et la valorisation de produits par les entreprises avec son concept de pollueur-payeur est un bon début dans la réduction du plastique. Par contre, les objectifs sont de réduire de 75 à 80 % certains déchets à la ferme d’ici 2050 (Québec, 2023) ce qui laisse beaucoup de temps aux écosystèmes pour continuer de se dégrader (World economic forum, 2016). Il serait également intéressant de jumeler ce règlement à des listes de fournisseurs de matériaux écologiques ou encore, des subventions pour l’achat de certains produits bioplastiques.

Une ferme sans plastique, est-ce possible?

Pour conclure, bien que l’élimination complète du plastique à la ferme soit quelque chose de théoriquement possible, les agriculteurs qui tenteront l’expérience rencontreront de nombreux défis. Le recyclage et la réutilisation restent toujours des pratiques marginales car les infrastructures ne sont actuellement pas en place pour permettre de traiter certains plastiques. De plus, le coût des matières en plastique recyclé risque d’être supérieur aux dépenses habituelles et des subventions seraient nécessaires pour soutenir ce genre de dépenses. Des innovations avec des bioplastiques commencent à voir le jour, mais ils sont, pour ainsi dire, impossibles à trouver sur le marché. De nouvelles politiques publiques pourront certainement aider à la recherche et au développement de matières écologiques qui permettraient de réduire notre dépendance au pétrole, mais les gouvernements devront également mettre sur pied des campagnes et stratégies de communication pour mobiliser les différents acteurs. Les coûts supplémentaires engendrés par ces politiques devront viser les producteurs de matières plastiques (concept de pollueur-payeur) et non les agriculteurs qui peinent déjà à rentabiliser leurs activités et pour qui l’élimination du plastique pourrait devenir un nouveau fardeau. Il est également pertinent de s’interroger sur les pratiques agricoles actuelles qui demandent une grande quantité d’intrants, dont fait partie le plastique. Revoir le système alimentaire en intégrant des pratiques agroécologiques telles que l’intégration culture-élevage, l’agroforesterie ou le non-travail du sol pourrait également permettre de réduire ou d’éliminer les matières plastiques tout en apportant de nombreux autres bienfaits aux écosystèmes.

Bibliographie

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Rémy, É. (2014). Les plastiques biosourcés présentent-ils moins d’impacts négatifs pour l’environnement que les plastiques issus de la pétrochimie? Université de Sherbrooke.

Thévard, M. (2021). Le jardin vivrier: Autosuffisance et non-travail du sol. Éditions : Écosociété.

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