Cet été, j’ai participé à l’implantation de ruches au Pop-Jardin de Senneterre. Je constate que les gens sont très curieux et plusieurs personnes m’ont posé des questions sur notre expérience. Je voulais donc faire un petit topo des avantages et inconvénients pour les personnes qui songeraient à se procurer des ruches d’abeilles pour la saison prochaine. L’apiculture n’est pas une chose facile, contrairement à ce qu’on pourrait croire, mais elle a de nombreux avantages si vous prévoyez un aménagement en permaculture. Alors, commençons par les avantages comme ils sont faciles à voir venir!
Les avantages de l’apiculture amateur
Les produits de la ruche (miel et autres)
J’imagine que la plupart des gens qui pensent aux abeilles pensent au miel. C’est certain que dans un objectif d’autonomie alimentaire avoir sa propre source de sucre est très intéressant. Ce qu’il faut savoir c’est que c’est loin d’être le seul produit de la ruche qui soit utile. Il est aussi possible de récupérer une bonne quantité de cire. J’utilise aussi de la cire d’abeille pour faire mes produits cosmétiques. Il est également possible de prendre de la gelée royale pour se soigner, de la propolis et du pollen.
Je ne suis pas une experte des produits de la ruche, mais je trouve très intéressant le concept de l’apithérapie. 🙂
La pollinisation des fleurs environnantes
Lorsqu’on est jardinier, l’avantage qui est le plus convaincant est la pollinisation. Ce n’est pas la réalité de tous les lieux alors, s’il y a déjà suffisamment de pollinisateurs indigènes sur votre site, les abeilles ne seront pas nécessaires. Les abeilles peuvent voyager jusqu’à 10 km autour de leur ruche alors, il est important de savoir si des produits toxiques sont utilisés chez vos voisins… Les abeilles butinent habituellement un seul type de fleur lors de leur sortie de la ruche. Mais, par exemple dans le cas des courges, plusieurs d’entre elles ont le même nom latin, ce qui en fait le même fruit et la même fleur pour l’abeille.
Cette année, nous pouvons également compter sur le travail des abeilles dans nos jardins situés au Jardin Obaska. Malgré cela, j’ai décidé de polliniser mes courges à la main pour éviter l’hybridation.
La diversité sur votre site permaculturel
Un des principes de la permaculture est d’intégrer plutôt que séparer. Il y a plusieurs façons de l’interpréter, mais on peut comprendre de travailler en polyculture. On voudrait donc prioriser des sites où il y a une grande diversité de végétaux. De la même manière, on voudrait intégrer des petits animaux comme des poules ou des abeilles sur notre terrain. Ça permet de ne pas dépendre de cette culture et d’être plus résilient. Si par exemple, vos ruches ne survivent pas à l’hiver, vous avez toujours des oeufs et des légumes. 😉 Évidemment, les végétaux et les animaux ensemble créent un écosystème bénéfique.
Les abeilles sont de loin les insectes les plus appréciées et elles permettent de les découvrir et de les faire aimer. Les insectes sont en déclin sur la planète et il est nécessaire que tous commencent à s’en préoccuper!
Les inconvénients de l’apiculture amateur
Acquérir beaucoup de connaissances en apiculture
On connait tous l’abeille, on sait qu’elle donne du miel, mais on connait rarement tout ce qu’il faut savoir sur un rucher. Pour cela, la plupart des apiculteurs professionnels qui vendent des nucléis offrent également des formations (ici en Abitibi-Témiscamingue, la Miellerie de la Grande Ourse). Même si les formations sont complètes, la plupart des apiculteurs amateurs se retrouvent avec des questions plus spécifiques lors de leurs saisons apicoles. Il y a le groupe Facebook Apiculteurs amateurs du Québec que je trouve très pertinent à suivre. Sinon, le livre L’abeille et la ruche est bien adaptée à la réalité québécoise.
Préparez-vous à vous renseigner car, vous aurez tout à apprendre sur cet univers.
De nombreux achats de matériel apicole à prévoir
C’est bien beau d’acheter les abeilles en soi (les nucléis), mais on doit les mettre dans une ruche. On doit aussi avoir une combinaison, un enfumoir, des réducteurs d’entrées, des nourrisseurs, etc. Nous n’avons pas de fournisseur pour l’achat de matériel apicole qui soit en Abitibi-Témiscamingue. Il est possible de faire vos achats en ligne sur des sites tels que La ruchette ou Propolis etc. Vous devrez également acheter de nouvelles hausses (les boîtes de bois) chaque année car vos ruches prendront de l’ampleur.
Pour le matériel apicole de 2 ruches, pour une première année, vous pouvez prévoir de 1500 à 2000$ (sans compter l’extracteur à miel qui est aussi nécessaire).
Difficile d’être 100% autonome ou zéro déchet
Il faut prendre en compte que les abeilles ne sont pas indigènes au Québec et donc, que cela demande beaucoup plus de soins. Il est entre autres nécessaire de surveiller certaines maladies et parasites et d’effectuer des traitements. Ma plus grande surprise a été de constater que pour passer l’hiver, les abeilles doivent être nourries avec du sucre blanc (en très grande quantité). Pour 2 ruches, on peut compter 2 poches de 20 kg de sucre emballé. Alors, pour moi, c’est le plus gros des désavantages, pas pour le prix, mais pour le principe. Nous ne pouvons pas vraiment être autonomes à 100% dans cette production. Et même si le miel permet de ne pas se nourrir de sucre blanc, il faut tout de même en acheter…
Les apiculteurs semblent avoir des avis mitigés sur le sujet du nourrissage au sucre, certains apiculteurs redonnent leur propre miel aux abeilles. Il semblerait que le sucre soit mieux adapté à la pratique compte tenu des longs hivers au Québec.
En conclusion, il faut vraiment bien réfléchir avant de se lancer car il y a définitivement plus de désavantages que d’avantages. Par contre, regarder les abeilles arriver dans la ruche et apprendre sur leur comportement est fascinant. Personnellement, j’ai l’impression d’avoir encore énormément de choses à apprendre et plutôt que d’être décourageant, je trouve cela stimulant. Je vous conseille de faire une formation avec un apiculteur professionnel avant de vous lancer car je n’ai pas parlé de plusieurs points tels que l’essaimage… Également, renseignez-vous auprès de personnes qui pratiquent déjà l’apiculture près de chez vous.
Ne voyez pas trop grand, attendez de voir si les sources de nectar et de pollen sont suffisantes chez vous pour des abeilles heureuses.